AccueilAccueil  Dernières imagesDernières images  RechercherRechercher  S'enregistrerS'enregistrer  ConnexionConnexion  
Citation 1Citation 2Citation 3
-29%
Le deal à ne pas rater :
PC portable – MEDION 15,6″ FHD Intel i7 – 16 Go / 512Go (CDAV : ...
499.99 € 699.99 €
Voir le deal

Thom & Sixte (ID)

 :: Embryons Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas
Admin
.-.. ,'9 )\)`-.,.--. `-.| `.
Admin
Admin
Messages : 1482
Date d'inscription : 06/10/2013
Lun 4 Sep - 20:35
_ Vous n'étiez pas au courant ?
Son « non » n'était qu'un murmure, si discret que l'infirmière s'excusa de devoir lui faire répéter. Sixte n'en fit rien, ne l'écoutait déjà plus. Il regardait le sol devant lui, ses souliers impeccables, il aimait quand ses affaires rutilaient et le cuir brillait, oui, plus que ses yeux. Plus que son esprit sans doute. Il avait été dupé et n'avait rien vu. Rien senti. Lui le psychologue militaire, l'interprète en langues, l'homme, même si ce dernier n'avait rien de particulier. Pas même assez de complicité avec son fils pour que son mensonge crève ses yeux.
Je vais bien, papa. Ça va. C'était plus vulgaire mais il ne s'avait pas l'être.
La jeune femme lui demanda s'il voulait s'asseoir, un verre d'eau. S'il allait bien. Il aurait aimé pouvoir lui exploser la boîte crânienne contre le mur à mains nues, la frapper jusqu'à ce qu'elle n'ait plus de visage, mais il ne fit rien et c'est à peine s'il redressa son regard vers elle. Il le fit, oui, parce qu'il était bien élevé. Il s'arracha même un sourire, maigre et peu convaincant, le genre qu'on aimerait sincère s'il n'apparaissait pas à cet instant.
_ Je vous remercie pour votre patience, mademoiselle. Veuillez m'excuser.
La base.
C'était dur.

Vide.

Dans l'élan qui lui fit passer le pas de la porte un instinct primaire qu'il aurait aimé répudier, auquel il ne pensait même pas. Toute la douleur dans ses mains les tétanisait et celle qui tenait la poignée l'échappa. Il souriait.
Il y avait dans sa gorge des sanglots qu'il retenait depuis des années. Un fardeau sur ses épaules qui alourdissait ses pas petit à petit. Chambre 209, il ne l'oublierait jamais, se perdit dans la logique numérique tordue de l'hôpital au lieu de penser. C'était dur.
Chaque marche d'escalier l'enfonçait dans la réalité de son fils et Sixte se surprit à ne pas vouloir la découvrir. Que ne puisse-t-il se réveiller et oublier ce cauchemar. Qu'il puisse comprendre pourquoi, encore et encore les mêmes questions - pas le même sujet. La rampe suintait la transpiration des paumes de tous ceux qui avaient eu à partager son sentiment quand bien même il doutât que l'on puisse partager une peine aussi immense. Elle débordait. Elle se lisait. Sixte était orphelin de pairs et la solitude lui fit rater une marche. Il renifla, reniflait sans arrêt, arriva dans le couloir et son hoquet libéra une première larme. Elle traça son sillage et il détruisit sa construction de la paume de la main. 209, vulgaire tatouage vert dégueulasse sur vert délavé, gratté par le temps. Il n'y avait rien à en dire.

Thom leva la tête vers lui dès que la porte s'ouvrit. Il n'avait pas le choix de le voir ou non.
_ Depuis quand tu le sais ?
_ Depuis quand je sais quoi ?
Adieu le plateau-repas.
_ Eh, ça va pas ?! T'es fou !
_ Depuis quand, Thom ?
_ Depuis quand quoi ?
Insoutenable. Il balaya le téléphone sur la table de chevet d'un coup de bras.
_ Pourquoi tu ne m'as rien dit ?
Son silence n'était pas éloquent. Sixte aurait préféré, vraiment, au moins n'aurait-il pas eu à l'entendre lui dire et aurait-il eut le moyen de rester couard encore un moment. Comme si aucune de ses responsabilités n'avaient été réelles et qu'il grandissait d'un coup. Encore.
_ Thom ?
Et sa voix trahissait un sanglot. La bouche entrouverte de son fils lui donnait un air bovin qu'il aurait aimé gifler. Il se sentait perdre patience et ce n'était pas bon signe.
_ Je l'ai dit à personne de toute façon, et c'est pas avec c'qu'on s'entend bien que j'allais te le dire plus à toi.
Le revers lui échappa et sa poitrine se souleva en même temps que sa tête se dévissa. Il claquait des dents et regretta immédiatement son geste.
_ Ah bon.
Les formes de politesse usuelles étaient loin. Égarées. Il ne savait pas quoi faire de plus. Thom tenait sa joue et déjà apparaissait la trace rouge qu'il garderait une bonne partie de l'après-midi.
_ Donc personne n'est au courant. Même pas ta mère.
_ Surtout pas maman. Je voulais pas vous inquiéter.
Les articulations qui le faisaient tenir debout disparurent et il fléchit les jambes. Garda l'équilibre par un heureux hasard. Il fallait bien accepter de ne pas tout contrôler parfois. Le fauteuil au bout de la pièce lui serait bien utile si seulement Sixte le voyait. Il ne quittait pas son fils des yeux.
_ Nous inquiéter... ?
C'était peut-être trop.
_ J'ai passé la moitié de ma vie à regretter tout ce que j'avais manqué, toutes les occasions que j'aurais pu passer avec ta mère et toi, tout ce que j'aurais pu faire pour vous deux, avec vous deux. Je me suis tellement détesté Thom, je me haïssais tellement que je ne voulais pas le reconnaître et quand ta mère et moi nous faisions l'amour je souhaitais tellement l'aimer purement, simplement, j'avais honte de mes fantasmes et je souffrais de ne plus arriver à lui faire plaisir alors j'ai fini par céder, j'ai craqué et je l'ai perdu, je t'ai perdu, on aurait pu être si proches, j'aurais pu être un bon père, au moins meilleur que celui que tu as eu je le sais, je voulais tant t'offrir Thom et je ne sais pas ce qu'il s'est passé. Tout ce que je sais c'est que tu es mon fils et que j'ai beau être maladroit et naïf je t'aime, je t'ai toujours aimé, tu es ma chair et mon sang, tu es la vie que j'ai donné et jamais, jamais je ne te laisserai en paix. Tu ne voulais pas qu'on s'inquiète ? Alors que tu allais
Un soupir. Ses mains cachaient ses yeux.
_ Qu'est-ce que je peux faire, maintenant ? Qu'est-ce que je peux dire ? C'est si fatal Thom si implacable, ça fait si longtemps ? Ai-je été aveugle à ce point ?
Il aurait pu le tuer s'il n'était qu'un sauvage. Qu'une bête de douleur. Sixte éclata en sanglots au milieu de la chambre, debout, et c'était pathétique. Sa tête bourdonnait, il eut une idée. Se laissa pleurer, à en oublier les mouchoirs dans la poche de son gilet, il devrait être digne bien assez tôt, bien assez.

Le fil du téléphone étant torsadé, celui de la sonnette convenait beaucoup mieux. Sixte se calma en silence, une situation confortablement conservée par son fils qu'il s'imaginait ébranlé aussi mais auquel il n'épargnerait rien. Il avait mal et, comme s'il avait été le seul, voulait agir en conséquence et s'en tirer tout seul. Il avait des années d'expérience à son actif, il était intelligent, on lui pardonnerait sans doute beaucoup de choses, y compris son égoïsme, y compris son geste. Thom crut d'abord à une pendaison improvisée jusqu'à ce qu'il le voit se faire un garrot au niveau du poignet gauche. Il n'y avait rien à comprendre, rien de plus quand Sixte retourna sa main et l'appuya jusqu'à se casser l'os.
Thom sursauta au craquement immonde, écarquilla les yeux. Son père ne bronchait pas autant qu'il aurait du, ne le regardait plus, alors il se servit de la sonnette accrochée au bras de son père pour agir, lui aussi. C'était irréaliste. Autant que son sida. Il gémit en voyant son père tordre sa main sans raison, ne put rien expliquer au médecin qui arrivait tranquillement dans le chaos.
_ Donnez-moi de quoi la couper, siffla Sixte entre deux gémissements.
La dame s'affola, s'approcha. « Arrêtez monsieur Hodge, s'il vous plaît, arrêtez tout de suite » qu'elle disait, qu'elle hurlait presque, et sa voix lui vrillait les tympans. « Trouvez de quoi la couper, maintenant ! » « Mais il n'y a aucune raison de » et elle comprit à ses yeux ce qu'il voulait. C'était sa première fois avec un fou, sa première fois avec un monstre, et un frisson la parcourut. D'entendre ses plaintes ses collègues arrivèrent sur place et aucun autre ne comprit les directives qu'elle donna. Transférez-le en chirurgie, préparez l'anesthésie. Elle demanda en bégayant au grand et respectable monsieur Hodge de sortir de la chambre de son fils et de la suivre, et il prit le soin de remettre la sonnette à côté de Thom et le téléphone à sa place avant de quitter les lieux. Il n'y avait plus rien à faire pour le plateau-repas mais que Thom l'en remercie, la bouffe ici n'était pas réputée pour être fine.
_ Thom, as-tu un pouvoir ?
_ Quoi ?!
_ AS-TU UN POUVOIR ?
Il n'était plus Sixte Hodge. Il n'était plus patient. Son fils avait les larmes aux yeux, hocha la tête
_ OUI ! OUI, OUI !
Son père soupira, quitta la pièce presque trop calmement. Thom éclata en sanglots.
Admin
https://cupcakespowa.forumactif.com
Revenir en haut Aller en bas
Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en hautPage 1 sur 1

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Cupcakes :: Embryons-
Sauter vers: