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Maintenant que nous sommes ensemble, ça va mieux.

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Dim 30 Mar - 3:46
Fais attention. Parce que les gens d'ici étaient plein de bons sentiments, qu'il ne comprenait pas toujours. De l'attention à plus savoir quoi en faire, un débordement affectif qu'il avait du mal à saisir dans son intégralité. Edwina n'avait pas caché sa surprise quant à la somme monstrueuse que son client avait sacrifié pour la nuit qu'il passerait avec l'une des perles du bordel, aux horaires de discorde, à la dot indécente et à la préciosité exagérée. Un homme d'un certain âge, ce qui n'avait pas manqué de lui faire lever les yeux aux ciel tandis qu'elle lui portait parures et voiles qu'il avait adressé à son nom. Bien qu'elle connaissait les conditions de ses meilleures gagneuses, Edwina n'avait pas pu refuser. Parce qu'on ne refuse rien à un noble de Simorgh prêt à accorder à ses caisses le triple du prix initial de la formule royale, largement plus que ce qu'il méritait, et il comprenait. Il aurait été idiot de refuser. Il comprenait. Soupirait, et comprenait.

Il était nu, car sa nudité lui allait mieux que n'importe quel tissu, et la pauvre maquerelle ne sut quelles excuses trouver pour lui faire comprendre son regret. Son bordel avait besoin de cet argent, lui-même avait besoin de cet argent et de cette sécurité-là, et il lui fit comprendre d'un regard, après avoir enfilé le lourd collier d'or et de pierres, qu'elle n'avait pas à s'expliquer. Alors elle lui demanda de faire attention, une fois au travail. Qu'il y avait des règles, et que l'argent n'achetait pas les chartes ici. Qu'il pouvait hurler si les choses venaient à tourner en sa défaveur, mais il ne s'abaisserait jamais à cela. Tous ces bijoux enfilés, ces bracelets riches, la ceinture précieuse autour de sa taille, les décorations sur ses oreilles, l'anneau autour de l'intime. À sa taille. Son client avait préparé cette nuit comme on prépare un grand événement et, en montant les marches pieds nus, le corps drapé dans un peignoir informe, il prit peur. Il n'avait rien à dire, et cela ne le rassura pas.

Pas plus quand il ouvrit la porte après une longue inspiration, quelques secondes d'hésitation.
La tête basse pour ne pas croiser son regard tout de suite, il aurait tout le loisir de le dévisager durant les prochaines heures. Le loisir pervers d'un vieillard en quête d'exotisme à qui son charme d'elfe intimidant avait plu.
Respire, ferme cette porte, colle-y ton dos et affronte.
Affronte.
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Ven 9 Mai - 23:58
Il n'y avait qu'à espérer qu'il ne devine pas qui l'avait demandé. Non, non, cela restait peu probable. Depuis le temps qu'il le faisait suivre, le suivait parfois lui-même lorsqu'il était à Simorgh, il ne s'était rendu compte de rien, n'avait rien soupçonné. Sans doute pensait-il que lui avoir arraché le coeur avait été suffisant pour le rayer définitivement de sa vie et de sa mémoire, certainement ne faisait-il que l'espérer, car il était persuadé que ce n'était pas le cas. Il pensait encore lui, comme lui pensait à Fenris. Ils ne pourraient jamais se débarrasser l'un de l'autre, de ça il était sûr, et les savoir à nouveau réunis dans un même monde ne faisait que lui donner raison.
Assis dans la meilleure chambre qu'avait pu lui fournir ce pitoyable bordel, il attendait, nerveusement, ses doigts qui suivaient le bord de sa coupe manquaient d'assurance, sa langue passait sur ses lèvres un peu trop souvent. Un doute substituait. Un peut-être. Peut-être lui tendait-il le même genre de rendez-vous que lui lui avait posé à l'auberge du Pendu à Kirkwall. Cette pensée le tracassait depuis un moment mais.. non. Il était assez intelligent pour ça mais pas assez fourbe. Si ils devaient à nouveau s'affronter il ne le prendrait pas en traître. Fenris était fidèle, d'une certaine façon.
Une rumeur de pas se fit entendre de l'autre côté de la porte et il se leva, dut se faire violence pour garder ses mouvements aussi mesurés qu'à l'ordinaire. Repousser sa chaise sans la faire crisser sur le sol, lâcher sa coupe sans brusquerie, sentir les plis de ses vêtements se défaire lorsqu'il se redressait, sans se presser, sans avoir l'air fébrile.

_ Bonsoir Fenris.

Simplement. Il avait longuement réfléchi à ce que pourrait être la première chose qu'il lui dirait, avait écrit, s'était exercé sur tout un tas de phrases plus originales que celle-ci et finalement... "Bonsoir Fenris"...Cela aurait presque pu être naturel, mais dans une mise en scène comme celle-ci, il n'y avait rien de spontané. Rien qui fut laissé au hasard. Si il cherchait à fuir, si il essayait d'une façon ou d'une autre de lui échapper, toute la tripotée de mercenaires qu'il avait engagé et qui s'ébattait en ce moment même dans les chambres voisines ou attendait patiemment son signal dans le salon lui tomberait dessus. Même avec ses incroyables capacités, sans arme et seul, il ne pourrait pas leur tenir tête. Et si l'envie lui prenait de ne pas se montrer très coopératif, il ferait massacrer toutes les putes de ce cloaque immonde. Fenris avait toujours détesté voir les gens souffrir quand il pouvait l'empêcher et ce soir, il pourrait très bien l'empêcher.
Il remplit la coupe vide avec des gestes qui leurs étaient familiers à tous les deux, les lui offrit, elle et un sourire.

_ Comme tu m'as manqué.

Danarius caressa ce torse, ce flanc, ce corps qui était à lui sans être le sien. Une main impérieuse qui n'attendait ni accord ni refus, qui se savait chez elle, dans son bon droit. Une main de maître.
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Sam 10 Mai - 0:59
Danarius s'était approché de lui comme si la dizaine d'années qui les séparait n'existait que dans l'esprit malade d'un esclave en fuite.
Danarius.
C'est Danarius qui était là. C'était sa main qu'il sentait, juste au creux de sa cage thoracique. C'était sa chevalière et la pulpe de son index insistant, de son majeur volage. Il avait les mains froides et il se rappelait très bien qu'elles ne l'avaient jamais été parce que c'était lui qui allumait sa cheminée, qui allait lui chercher ses manteaux, qui s'évertuait à les tenir sinon chaudes, au moins tièdes. Il le savait. Elles n'avaient jamais été froides à ce point. Un contact comme le sien ne s'oublie pas. Pas aussi rapidement.

Il crut un instant qu'il allait s'évanouir. Avait attrapé la coupe dans un geste qui le présentait à n'importe quelle foule qui aurait pu être là pour assister à cette scène ridicule. Fenris, ancien esclave, retrouvant son maître et s'effondrant de tout. On aurait pu danser sur son cadavre encore chaud qu'il n'aurait pas été plus humilié qu'à cet instant, très précis, où il s'était fait servir le vin par Danarius Domitius Ravilla. Parce qu'il était là.
Parce qu'il était là.
Il lui avait arraché la coupe des mains parce qu'il connaissait son impatience et c'était après avoir le pied entre le majeur et l'annulaire que sa main fut autorisée à trembler. Les yeux clos comme pour ne pas le voir, mais le visage irrémédiablement tourné face à lui, incliné légèrement vers le haut. Une inclinaison qu'il avait du mal à prendre. Son exploration se tourna vers son flanc et il porta le cristal à ses lèvres pour le vider en une fois. Un vin qui n'était pas de Minrathie. Qui ne venait pas de chez lui.

Il y avait trop à penser et trop à dire, mais il n'avait ni les mots ni la voix pour cela. Il aurait du poser des questions, comme il aurait du le faire il y a de cela des années, continuer à poser des questions. Il aurait du pouvoir demander ce qui le retenait ici, avec lui. S'il avait drogué le vin ou si l'armée de Malakith en personne avait assiégé le bordel pour être certain que cette fois, il n'irait nulle part. Demander ce qu'il avait prévu de faire de la population qui se trouvait elle aussi entre ces murs à cet instant, s'il était esclave à nouveau, s'il y avait un espoir de mieux, s'il s'agissait d'une farce, d'une très, très mauvaise farce d'un mage alcoolique et cruel, d'Anders, s'il fallait y croire, s'il pouvait seulement y croire.

Comme tu m'as manqué.
Il voulut mourir. Il pensa aux tatouages, et il voulut mourir. Parce qu'il voulait espérer. Il voulait qu'il soit ici pour les tatouages, uniquement pour les tatouages, il le souhaitait du fond du cœur alors qu'au fond il savait que Danarius ne se serait donné autant de peine que pour Fenris. Leto. Leto qui avait voulu les tatouages et Fenris qui les portait. Il était là pour lui. Il était là juste pour lui et pour lui-même, dans son authentique et traditionnel orgueil. Que cet Inquisiteur-là n'avait pas goût à la vanité des actes et qu'il avait ses raisons de sentir son torse du bout des doigts, comme ça.
Lui avait ses raisons pour laisser s'échapper la coupe. Il avait ses propres raisons.

- Je sais lire.

De tout ce qu'il y avait à dire, c'est la première et unique phrase qu'il fut capable d'articuler. Il avait réfléchi à ce qu'il aurait à dire à Danarius une fois l'heure de sa mort arrivée, avec le Créateur comme arbitre et avocat, avait bâti un empire de ces monologues avortés. Encore aurait-il fallu que face à lui il ait droit de parole.

- Maintenant je sais lire.
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Sam 10 Mai - 2:36

C'était important pour lui, cela l'avait toujours été. Je sais, je suis fier de toi. Je n'ai jamais douté de toi. L'idée même de formuler ces pensées lui donna la nausée et il les refoula loin de lui, comme des possibilité intruses et étrangères contre lesquelles devait lutter son organisme. Il ne savait pas si c'était vraiment ces phrases en elles-mêmes qui le dégoûtaient ou le fait de se savoir incapable de. De cela, il n'était même pas capable d'y penser. Le tintement de la coupe qui tomba par terre réveilla son esprit engourdi. Il n'avait même pas vu que Fenris l'avait lâchée.

_ Je n'en doute pas un instant. Fenris.

Fenris, Fenris. Fenris. Il voulait le répéter encore et encore, ce nom qu'il avait eu sur les lèvres pendant près de dix ans comme les cendres suffocantes d'un feu mal éteint. Il voulait que ce nom ait du sens, qu'il soit enfin là pour y répondre, qu'il soit là simplement, et il attrapa sa nuque où les cheveux glissèrent entre ses doigts comme les instants qu'il avait rêver retenir. Courts, si courts... Ils étaient loin les longs crins blancs qu'il pouvait empoigner, où il pouvait perdre son visage, dans leurs caresses dont il choisissait lui-même le parfum. Ce ne serait plus jamais le même Fenris. Il avait lâché prise et il s'était retrouvé entre d'autres mains qui l'avaient changé à leur façon, une façon qu'il ne connaissait pas et ne connaîtrait pas. Le seul moyen serait sans doute de tout recommencer. Depuis le début. Son pouce se posa au coin de sa bouche, glissa sur sa lèvre inférieure, entre les deux tracés blancs pour saisir son menton. Il pouvait se permettre cette pensée, elle était sans danger. Il s'en savait incapable.

_ Dès que nous en aurons fini tu rentreras avec moi.

Qu'il crie. Qu'il frappe. Qu'il pleure. Qu'il fasse quelque chose bon sang, qu'il ne le laisse pas faire ce que bon lui semblait sans broncher comme si les dernières années n'avaient jamais eu lieu, comme si ils se retrouvaient une fois de plus dans son bureau, dans sa villa de Tévinter. Qu'il n'essaye pas de lui faire croire que tout pourrait redevenir comme avant alors qu'aucun des deux ne pourrait jamais y croire. Même tous les sortilèges des inquisiteurs ne pourraient pas lui rendre son Fenris, même avec tous les soldats et mercenaires d'Edengardh il ne pourrait pas le garder près de lui. Son esprit s'était envolé hors des murs qu'il lui avait imposé dès qu'il avait compris qu'il n'avait pas besoin de lui pour exister. Alors pourquoi ne faisait-il rien ? La porte était là, il aurait du s'enfuir, il aurait du essayer. Il aurait très bien pu lui passer un bras au travers du corps et le tuer dans l'instant, il l'avait déjà fait. Il n'aurait pas le temps de faire quoi que ce soit, aucun son ne franchirait ses lèvres. C'était trop tard de toutes façons. Elles étaient contre les siennes, les suçaient doucement, embrassèrent le visage dont ses doigts ne pouvaient se défaire. A lui les joues, le nez, le front, les pommettes et la mâchoire, à lui les grandes paupières sur ses yeux verts, la bouche qui ne savait pas dire maître, le nez mal fichu qu'il frotta contre le sien. Tout ça c'était à lui, et maintenant...

_ Ta petite fugue est terminée.

Pleure. Si ce n'est pas toi, c'est moi qui le ferais.
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Sam 10 Mai - 3:53
Fenris.
Fenris, Fenris, Fenris, Fenris.
Va me chercher Fenris comme on va chercher une paire de chaussures ou un nouveau jouet. Va me chercher Fenris, cet objet qui erre dans la villa sans que l'on ne sache ce qu'il pense, ce qu'il imagine dans sa tête vide. Fenris qui rêvait d'escapade dans les vignes et qui n'avait pas le droit de s'y aventurer, peu importait bien la punition à la clef. Il s'émancipait, jamais sans remords, et se meurtrissait l'esprit à penser à Danarius. Danarius, Danarius. Peut-être qu'il aurait préféré l'y accompagner, dans ces vignes. Peut-être que s'ils avaient pu se parler et s'entendre, ils se seraient arrangé pour ne pas vivre en se pliant aux caprices de l'autre. Mais ça c'était à la portée d'un maître, pas à celle d'un esclave. Un esclave, ça obéit. Et il avait beau être au plus près de lui, l'esclave n'avait pas la moindre idée de ce que le maître pouvait attendre.

Pas de commentaires trop longs, Danarius n'avait jamais versé dans le mélodramatique et pour cause, il n'y avait jamais de quoi. Quelque part, c'était tant mieux. S'il avait failli à ses ordres, il aurait presque été déçu. Déçu que la mort l'ait changé à ce point. Cela aurait été de sa faute, et il ne ferait que récolter ce qu'il avait semé. Au Pendu, Danarius avait laissé sous-entendre qu'il aurait été possible pour Hawke de le lui rendre. La question ne s'était pas posée, et pourtant il y avait pensé. Souvent. S'ils étaient rentrés à Tévinter, alors que serait-il advenu d'eux ? Ce que l'on fait des esclaves évadés retrouvés n'est secret que pour ceux qui ne veulent pas voir la vérité. Au mieux, Danarius lui aurait à nouveau effacé la mémoire. Il ne tenait pas tant à Fenris qu'à ce corps. Du moins il osait le croire. Il n'osait plus croire grand chose.
Mais bientôt ils en auraient fini, et ils rentreraient. Pas idée d'où, de quand, de comment ni de pourquoi. Pourquoi. Ce n'était qu'un mot, un mot qui l'angoissa et qui pinça ses lèvres. Sa chaleur à lui était organique. Une sensation maligne de quiétude et de crainte, de repère et de déséquilibre, constamment sur le fil avec pour seul guide les balancés hasardeux d'une corde à peine fiable. Danarius n'était pas bon. Danarius n'était pas clément. Il était impitoyable et n'avait pas pour credo de pardonner, à qui que ce soit. Danarius n'avait rien à lui prouver parce que Danarius n'a rien à prouver à un esclave, aussi précieux soit-il, et qu'il ne s'encombrait de rien qui puisse le clouer sur place parce que Danarius n'avait pas à rester cloué sur place. C'est pour cela qu'il conquit ses lèvres si facilement, que ses propres bras vinrent enlacer sa nuque, capturer ses cheveux grisonnants. C'est pour cela qu'il laissa aller la chaleur du creux des clavicules jusqu'en bas des reins, qu'il répondit à ses passions comme on applaudit une performance artistique. Avec ferveur et admiration. Il aurait été incapable de s'approcher à ce point de son assassin. Il aurait été incapable de faire confiance à un homme comme lui.

Il retint son sanglot difficilement, s'arracha à ses lèvres sans jamais effleurer la possibilité de se retirer complètement de son étreinte, de tenter de fuir. Il se contenta de le dévisager, de couver ses lèvres arides de compassion pour sa peine d'un regard désolé. Sincèrement désolé.

- En avoir fini avec quoi... ?

Il pouvait disposer de son corps quand bon lui semblait, il n'avait pas besoin de payer un tel prix. Pas pour ça. S'il avait besoin de compagnie il n'avait qu'à le trouver. S'il avait besoin de ses talents de mercenaire il lui suffisait de demander. Pas d'ordonner. Mais il aurait été là. Il avait toujours été là. Il était resté à Kirkwall dans l'espoir de le voir arriver par les docks, un jour. Sur le même bateau qui les avait séparés. Il le savait, pourtant, il n'était pas idiot. Il le savait qu'il ne pouvait qu'être là. N'avait-il pas imaginé ce que cela lui ferait d'en être réduit au parricide ? D'y être réduit une seconde fois ? Il l'avait choisi en temps qu'arme et l'avait entraîné pour faire de lui sa garde personnelle, infaillible et redoutable. Et pour cela, il avait choisi un homme d'honneur. Le chien le plus loyal qui soit.

- Combien de fois devrais-je vous tuer pour me débarrasser de vous, ne plus vous voir en rêve, craindre que vous ne reveniez me hanter... ? Qui a-t-il à finir, maintenant que nous sommes là ? Que nous reste-t-il à faire ? Cela fait donc si longtemps que vous prévoyez cela...

Pour rester aussi calme, au moins.
Il s’épancha sur sa poitrine et sentit son cœur battre. Comme si rien ne s'était passé. Comme si de rien n'était.
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Sam 10 Mai - 21:40

Combien de fois ? Lui aussi il se l'était demandé, mais il avait arrêté. Il pourrait bien le tuer cent fois que cela ne suffirait jamais et le tuant cent fois il ne ferait que le rencontrer, encore et encore. Cela n'aurait jamais de fin et cela le rassurait. Quoi qu'il arrive, quoi qu'ils tentent l'un contre l'autre, il ne serait jamais vraiment seul.

_ Avec toi.

Ses bras abandonnèrent son visage pour s'enrouler autour de son dos, flatter sa tignasse blanche avec la même tendresse qu'on donne à un animal qui réussi un tour. Ce n'était pas tant son corps contre le sien qui le réchauffait que de savoir qu'il avait occupé ses pensées pendant tout ce temps. Il le savait bien sûr, il le savait, il s'était persuadé de le savoir mais maintenant il le savait. Le soulagement irriguait son torse et ses poumons en grandes inspirations salvatrices. La morosité oppressante qui s'y été accumulée les mois passant s'était éloignée et il ferait tout pour la tenir en respect pour les années qu'il lui restait. Et son arme, ce serait Fenris. Comme toujours, comme cela avait été décidé depuis longtemps.

_ Avec ce que tu m'as coûté, j'espère en avoir pour mon argent. C'est tout.

Ce qu'il avait à savoir. Il allait être ce pour quoi il avait payé ce soir et lorsqu'il serait redevenu le Fenris qui n'était attaché qu'à lui et à lui seul, pas au premier venu qui alignait quelques pièces sur le comptoir d'une maquerelle. ses doigts se refermèrent sur le peignoir et il l'éloigna de lui d'un geste pour le lui retirer, le laissa glisser à leurs pieds. Ses yeux le jugèrent, relire les lignes qu'il avait lui-même tracées, à  la recherche d'une faute quelconque, d'un élément perfectible. Un seul détail à corriger dans la boucle d'oreille coincée dan ses cheveux. C'était parfait. Tout était à sa taille, tout tombait comme il l'avait voulu, pas de hasard. Jamais.

_ Donne moi ta main.

Il la lui donnerait, c'était Fenris et il la lui donnait. Il attrapa son index, et en embrassa une articulation.

_ Ça, c'est à moi.

Sa main dont il embrassa la paume. C'est à moi. Son avant bras, ses lèvres dans le creux du coude. Ça aussi c'est à moi.  Son épaule, contre ses clavicules, sa gorge, ses lèvres à nouveau. A moi. Et ses mains qui suivaient toujours les courbes de son corps à lui, de cette peau à lui, de cette peau tatouée à lui, de ce sang à lui qui étanchait parfois mieux ses soifs que le vin. A Edengardh plus de vin à lui, mais lui était retrouvé. Pour combien de temps ? Il aurait été incapable d'y penser pour l'instant, alors il aimait croire que le temps qui lui était accordé ne finirait jamais. Le temps qui avale les jours et les recrache au visage comme ses paumes passent et repassent sans fin sur la peau qu'elles connaissent par coeur et jamais suffisamment. La connaître par l'âme, voilà, et peut-être cela n'aurait pas été suffisant encore car jamais il ne serait repu de lui.

_ Tu n'as pas oublié ?
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Sam 10 Mai - 22:53
Il était mort.
Il était mort, pourtant.
Il n'a pas marché sur son cadavre mais il avait songé à le faire une fois le cadavre servi sur un plateau. Il y avait pensé, ne s'était pas blâmé tout de suite. Il la voulait, sa mort. Il avait juré de l'avoir, de l'avoir de sa propre main. Il s'était juré de lui arracher le cœur, il l'avait juré aux guerriers de la brume une fois ces derniers morts par sa faute. Il s'était juré que le spectre de sa main serait un instrument de vengeance et que le dernier à en profiter serait Danarius Domitius Ravilla et personne d'autre que lui. Il n'aurait plus personne à tuer après cela. Hawke se fichait de ce qu'il pouvait arriver à Varania et il avait voulu la tuer, mais cela aurait annulé son serment et il en avait été incapable. Trahir les guerriers de la brume aurait été souillure plus infecte encore que la corruption. Danarius avait été le dernier à mourir de cette main. Et il n'avait pas même eu le cœur d'exposer le sien au grand jour. Il s'était contenté de le broyer dans sa poitrine. De l'écraser comme on écrase un insecte, dans la plus pure intimité. Danarius était mort. Sa dépouille était à terre comme il avait mis à terre des dizaines de dépouilles comme celles-là, il avait voulu l'écraser et ne l'avait pas fait, il aurait voulu le frapper et le défigurer pour qu'il ne soit plus Danarius mais un cadavre, comme les autres, il aurait voulu lui parler et ne l'avait jamais fait.
Varania était partie, lui aussi, et Danarius était là.
Voilà.

Il ordonna et il obéit. Il avait payé. Il avait payé pour cela comme il pensait lui avoir fait payé ses crimes en l'offrant au Créateur pour qu'il débarrasse le monde de son égoïsme, et il se mettait à douter. De l'avoir en face de lui, parce que cela ne ressemblait en rien à un cauchemar ni à une illusion, il douta de la justesse du prix qu'il avait eu à payer. Se demanda si la mort n'était pas un tribut trop faible à céder vu la mort en question. Il avait gagné une nouvelle vie, avait recommencé, l'avait retrouvé. Il n'avait pas changé.
Ses lèvres sur la gorge finirent de le détruire. Il n'avait pas changé du tout.
Il n'avait pas souffert. Il n'avait rien souffert pour ce qu'il avait fait et il se demanda si cela suffisait. Ses entrailles entremêlées lui firent savoir que non. Trop facile. Trop facile, tout était bien trop facile, et il déglutit douloureusement. Aurait voulu prendre cette bouteille, la finir, sortir d'ici même nu et courir loin. Loin de lui. C'était trop simple, et cet instinct, le même qui lui avait ordonné de s'enfuir à Seheron, s'agrippa à sa gorge pour ne plus le lâcher.

- Je n'oublie rien.

Vous le savez.

- Pour que j'oublie, il faut me faire oublier.

J'ai la tête vide de tout.
De toute façon vous le savez. Vous le savez que je n'ai rien dans la tête. Rien que vous.
Il captura sa main sans qu'il n'ait à lui en donner l'ordre, mais il n'avait pas d'ordre à recevoir d'un mort, même de celui-là. Il n'avait pas à suivre les directives d'un homme suffisamment riche pour l'habiller d'or et de pierres précieuses sans en pâtir. Il n'avait pas obéir. Pas tout de suite. Alors il espérait qu'il soit à lui, ne serait-ce qu'un instant. Il avait son corps et lui son attention à défaut d'avoir son affection mais à partir de là, cela lui suffisait. Il y a des années il n'aurait eu aucun des deux quand bien même il aurait été aux portes de la mort. Maintenant il était certain que pour le retrouver Danarius aurait rasé tout Thédas. Il avait la certitude qu'il ne pouvait pas être remplacé. Pas aussi vite. Il aurait aimé l'entendre. Il aurait aimé pouvoir sentir ses lèvres s'ouvrir et s'assurer de la véracité de cette manipulation de l'esprit car il est des choses qu'il faut entendre et pas seulement penser, c'est ainsi. Il aurait vendu son âme pour l'entendre. À cet instant précis, il n'était que miettes. À cet instant, il sut ce que cela faisait d'être mort.

- Et vous ne pourrez plus tout effacer. Parce que je sais lire, Danarius.

Et il refusait de continuer s'il devait ressentir la mort en lui.
Réagissez. Je vous en supplie. Pour l'amour du Créateur, réagissez.

- Je ne puis souffrir votre égoïsme. Plus maintenant. Vous m'infligerez votre présence car mon corps est à vous. Je le sais. Mais je ne suis pas un esclave.

Si je retire ces boucles d'oreille, c'est parce que je ne les supporte pas et que j'ai décidé de le faire. Si je m'approche en tremblant, c'est parce que j'ai peur de vous, immensément peur de vous et que je l'ai décidé. Mes lèvres contre les vôtres, mes mains deux murs pour emprisonner votre visage, c'est parce que je le veux bien. Peu importe le nom qu'il arbore, Fenris, Leto, ces deux-là ne vont pas. Il était une personne, il était en vie, et il n'avait pas à ne pas vouloir.
Il voudrait. Il voudrait de tout son cœur ce qu'il décidait de vouloir.
À commencer par son cœur à lui.

- Et je veux parler à Danarius.
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Dim 11 Mai - 1:28
_ J'y ai songé, à tout te faire oublier de nouveau.

Il s'y attendait, un peu. Ce n'était pas une surprise et pourtant ses craintes qu'il avait vu refluer en le voyant franchir la porte, sans se douter un instant de qui il trouverait derrière, saisirent ses poumons comme une marée montante, nauséabonde de vase et de pourriture, de toutes les pires issues qu'il avait imaginées. Jusqu'à ce qu'il le dise, avec des mots vrais, pas des ombres dans les sous-entendus, il avait voulu s'en convaincre. Je ne suis pas un esclave. Il lui avait fallu tout ce temps pour oser le lui dire en face. Lui le savait depuis longtemps. Avant même d'en faire son esclave il le savait. Comme on n'apprivoise jamais vraiment un animal sauvage, il avait toujours su qu'il s'en souviendrait un jour ou l'autre, qu'il s'en souviendrait vraiment ou qu'il regagnerait sa liberté d'une face ou d'une autre. Quel âge avait-il maintenant ? Quarante ans ? Il ne pouvait le dire avec exactitude. Les gamins des basses classes auxquels appartenait Leto quand il l'avait récupéré, même eux ignoraient leur âge exact. Il lui avait fallu trente ans pour s'en souvenir. C'était long et c'était si peu. Il l'avait su sans s'y attendre, comme on attend la mort. Une échéance inéluctable mais dont on ne sait ni d'où ni quand elle surviendra. Et c'était bien une mort que celle-ci, la mort d'une chose pour laquelle il avait sacrifié dix ans de sa vie et plus encore.

_ Mais je n'ai aucune envie de perdre de nouveau... eh bien, toi.

Gênant d'avoir aussi mal formulé sa phrase. Il pourrait y voir une faiblesse, et d'ailleurs ç'en était bien une. Avant même qu'il le pense, tout son corps le savait et si un léger moment d'égarement lorsqu'il cherchait ses mots avait pu se lire sur son visage, il était désormais fermé, avait retrouvé son masque glacé. Il ne doutait pas que Fenris était capable de voir à travers avec tout le temps qu'il avait passé à ses côté, mais le fait même de l'afficher suffisait à écarter toute discussion. Ses doigts se refermèrent sur sa gorge et le maintinrent à distance, un mépris à peine voilé plissant le coin de sa bouche. Il ne tolérerait pas qu'il use de sa liberté de la sorte. Il n'accepterait pas qu'il soit libre. Tout simplement. C'était trop tard. Avant d'en faire Fenris, il s'était longuement interrogé sur le sort à accorder à l'elfe qu'il avait acheté. Ce qu'il avait devant les yeux avait été l'option la plus logique, la plus rentable, elle s'était imposée en premier lieu comme la solution qui se pose avant le problème et grâce à elle il n'y avait plus eu de problème. Et puis le doute l'avait saisi, comme ces doigts sur cette gorge, en guise d'avertissement pour l'inciter à ne pas suivre la voie qu'il avait choisie. Il avait pensé l'affranchir, le faire travailler pour lui, simplement. Il aurait été là, mais il n'aurait pas été à lui, il n'aurait pas été à son image. Il aurait pu partir. Il aurait pu s'en aller, n'importe quand, et il n'aurait rien pu faire contre cela. Maintenant qu'ils en étaient là, il savait que c'était en grande partie par peur qu'il en avait fait ce qu'il était. Par peur et lâcheté, deux crimes impardonnables vis à vis de son orgueil dont il peinait à s'accuser en silence et qu'il ne serait jamais en mesure d'avouer.

_ Et cela n'arrivera plus. Jamais.

Jamais.

_ Peut que je n'ai pas envie de te parler Fenris. Ce n'est pas pour parler qu'on paye une pute. Je croyais t'avoir mieux élevé que ça.

Sous ses doigts qui s'étaient resserrés autour de leur prise, il le sentait déglutir, palpiter, respirer. Il sentait cette vie qui se débattait sous la peau. Il aurait pu le repousser par l'épaule, le plexus, mais sa main était contre sa gorge. Il n'y avait pas de hasard. Il voulait sentir sa vie au creux de sa main.

_ Je suis trop vieux pour cesser d'être égoïste.

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Dim 11 Mai - 4:13
- Je sais.

Un soupir.
C'était un soupir, parce qu'il ne voulait pas en entendre plus. Qu'il avait peur d'en entendre plus, à vrai dire. Ce n'était pas tant la curiosité que la véracité de ce qu'il pouvait dire qui menaçait de le dissuader de se prouver qu'il avait raison. Parce qu'il avait raison. Il le connaissait suffisamment pour savoir que Danarius aurait toujours raison, toujours le dernier mot, parce qu'un esclave ne peut pas le laisser sans voix à moins de ne pas tenir à son confort miteux d'esclave. Il se souvenait des autres, bien moins lotis que lui. Tout le temps qu'il avait passé aux côtés de Danarius il s'était martelé le crâne à se conforter dans l'idée que sa place était enviable parce qu'il avait entendu nombre de messes-basses sur son passage dès qu'il avait eu à commencer son travail. On l'enviait d'être si proche du maître et, si on l'enviait, c'était qu'il n'était pas donné à n'importe qui de s'en approcher à ce point. Et si la relation qu'ils avaient entretenu était une relation de confiance, il préférait se faire castrer plutôt que d'être un simple serviteur.
Il n'avait jamais eu affaire à quelqu'un d'aussi distant. D'aussi méticuleux, ordonné dans ses affections. Il en était intimidant, et il le savait. C'était ce qu'il devait être pour être inquisiteur et à partir de là, c'était ce qu'il devait faire croire qu'il voulait. Mais aucun homme sensé ne pouvait souhaiter délibérément souffrir à ce point. Aucun homme ne vivrait ainsi par plaisir et s'il avait cherché la même chose sur Edengardh, c'était parce qu'il ne connaissait que cela. Mais il se refusait à croire que l'on pouvait vivre heureux ainsi. Il n'avait pas été plus heureux que Danarius, il en était convaincu. Ça, il le savait.

- Je sais.

J'aurai préféré ne pas savoir.
Il aurait voulu qu'il soit heureux. Lui, il était incapable de mentir au maître simplement pour mentir. S'il avait menti, c'était pour porter secours à d'autres esclaves et mal, et Danarius n'était pas suffisamment idiot pour ne pas le remarquer. À l'inverse, si Danarius lui avait menti et il avait du le faire, il l'avait bien fait et il était impossible de voir un quelconque moyen de trahir sa parole. Il était bien trop adroit pour cela. C'était un maître, après tout. Un homme duquel il ignorait tout. Il aurait donné beaucoup pour le connaître, cet homme. Il donnerait toujours beaucoup. Son temps, pour commencer. La lutte serait interminable, épuisante, mais il lutterait. Jusqu'à ce qu'il obtienne une réponse, un signe, et là encore il ne pourrait se résoudre à abandonner.
Il avait juré de tout faire pour le rendre heureux et il ferait tout son possible pour ne pas faillir une seconde fois à cette promesse. Sans la mort comme ultimatum, cela paraissait moins ardu.

- Mais je suis trop vieux pour cesser d'être curieux. Et je n'ai rien à perdre.

Non. Plus rien.

- Vous n'avez pas besoin de parler pour m'entendre. Je ne vous demande rien, pas même de m'écouter. Laissez-moi faire la discussion. J'ai progressé.

À force de lire ou d'être écouté. Peut-être un peu des deux. Il n'en savait trop rien et s'en moquait. Il savait que pour obtenir des résultats il fallait bloquer ses échappatoires et il ne comptait lui en laisser aucune, ou alors pas facilement. Et la seule arme dont il disposait pour ce faire, c'était la parole.
Des soupirs, exactement. Un ton calme et serein, quoiqu'à peine intimidé. Presque pas de peur. Une grande première.

- Vous m'écouterez gémir, quoi qu'il arrive. C'est pour cela que vous avez payé. M'écouter feindre le plaisir. Vous me baiserez, n'ayez crainte. Mon corps est à vous parce que vous avez payé pour cela, mais vous auriez pu vous épargner cette peine. Il n'a jamais cessé d'être à vous.

Il ne bougerait pas. Il n'en avait pas donné l'ordre et ne comptait pas le lâcher, ne pourrait pas même le faire. Il le provoquait, il le savait, il savait trop de choses. Il était presque trop conscient de lui, et cela l'effrayait. Mais il ne bougerait pas. Ses bras croisés sur les parures de son torse, il attendrait qu'il se décide à le manipuler autrement. Depuis tout ce temps. Tant qu'il ne jugeait pas bon de serrer davantage son emprise sur lui, il pouvait parler. C'était suffisant.

- Sinon, je passe mon temps à tuer, boire et baiser. De la servitude à la liberté, il n'y a pas grande différence.

Et pourtant vous étiez terrorisé. Vous étiez horrifié à l'idée de me voir un jour gagner votre estime, votre confiance, votre affection et mon affranchissement. Ce n'est pas tant la liberté qui vous faisait peur mais votre possessivité qui vous obligeait à me voir exclusif. Votre chose, et la chose de personne d'autre. Ce n'est pas que vous ne supportiez pas de me perdre, c'est que votre orgueil ne tolère pas le partage s'il n'est pas de votre initiative.
Il n'aurait jamais pu le lui dire. Même maintenant. En fait, ses yeux avaient trouvé refuge derrière sa main, et ses larmes avaient profité de cette pudeur pour poindre. La tête basse comme sa serre le lui permettait rapidement relevée, à peine. Juste assez pour qu'elles ne coulent pas. Il aurait voulu trouver le courage de tout dire. Il aurait voulu pouvoir lever le voile de sa voix et ne plus le craindre à ce point. Vaincre une bonne fois pour toutes Danarius Domitius Ravilla sur l'un de ses terrains de prédilection. Il aurait voulu qu'il l'écoute mais il était trop fier pour baisser les yeux sur lui, tendre l'oreille et prêter attention à sa bave. Il n'avait rien à tirer d'un être qu'il avait façonné, rien à apprendre, rien à comprendre. Il était à son image, et il savait tout de lui. Fenris lui s'efforçait de le comprendre. Il s'efforçait de comprendre l'amère vérité sur ce que cet homme pensait et cela le brisait. Il ne se savait pas si naïf.

- Leto vous manque-t-il à ce point ? C'est lui que vous regrettez, n'est-ce pas ? Vous n'auriez pas hésité. Cela n'aurait pas été une question, vous m'auriez effacé la mémoire peu importe le nombre de bas quartiers dans lesquels j'aurai jugé bon de m'oublier qu'il aurait fallu remuer pour me retrouver. Mais vous n'avez fait qu'y songer. C'est moi, qui vous en ai dissuadé ? Parce que je lui ressemble ?

Il ne se savait pas si faible.
Le corps s'abandonna à son emprise et le bras qui était resté seul autour du torse resserra l'étreinte tiède qu'il s'autorisait à poursuivre tandis que Danarius le tenait froidement à distance de la manière la plus cruelle qui soit. Ses forces le quittaient et sa voix faiblit, considérablement. Sa fierté, elle, enfla. Les pleurs seraient invisibles tant que cette main serait là pour couvrir ses yeux en plus de ses paupières, et il comptait être aussi inébranlable que la pierre en ce qui la concernait. Pour la retirer du chemin, il faudrait des mots. Pas des gestes.

- Et si ce n'est pas lui, alors qui ? Qui est dans ce corps qui vous fasse douter à ce point ? Et ne répondez pas ma propriété, tout ce qui pourrait être à moi vous appartient de droit.

Ne répondez pas du tout, plutôt. Il n'était pas certain de pouvoir encaisser une telle réponse si elle était sincère. Si seulement il trouvait au fond de ces entrailles le courage de ne pas mentir. S'il jugeait bon de lui répondre. Il ne lui en laissa pas le temps.

- Comme si vous alliez répondre.

Je sais. Cela ne se dit pas.
Je sais.

- Mes excuses. Toutes mes excuses.

Mais je n'en peux plus. Je n'en peux plus.

- Je sais que je n'ai rien à perdre.

Rien de plus que vous qui êtes en train de me tuer. À charge de revanche.
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Jeu 22 Mai - 21:59
_ Tais toi. Juste, tais toi. Ne me fais pas regretter de te laisser ta mémoire.

Si il n'avait pas l'intention de se taire, il l'y forcerait. Sans serrer sa prise, mais en laissant sa main ailleurs, sur sa bouche qui commençait à vomir bien trop tôt ce qui dormait au fond de son ventre. Qu'il laisse dormir encore. Il n'était pas prêt à entendre ça, pas prêt du tout. Il aurait eu envie de frapper sa tête contre les murs pour qu'il ne soit plus en mesure de parler, plus jamais, avoir la certitude ne plus jamais être confronté à ça. Mais si Fenris ne pouvait plus parler... Il pourrait écrire. Maintenant il pourrait écrire, et lire, et si il rentrait avec lui, il finirait par les trouver.

_ Ça fait des années que je t'écris Fenris. Des lettres. Tu sais déjà tout.

Penche son front contre le sien, sa bouche contre sa main aveugle. Il pouvait bien faire ce qui lui plaisait, personne ne le voyait.

_ Je savais que tu finirais par apprendre à lire.

Sinon il ne lui aurait pas écrit. Non, il n'avait jamais été complètement sûr que Fenris apprendrait à lire un jour, il s'était écrit à lui, comme on tient un journal intime. Il avait toujours trouvé stupide de s'adresser à une feuille de papier, alors c'était à lui qu'il s'était adressé. Il y avait sur ces pages tout ce qu'il avait réussi à y coucher, sur ces pages dans son bureau, dans un tiroir fermé à clé, là où Fenris n'aurait jamais l'idée ni l'audace de regarder, et même si il y regardait, il ne comprendrait rien aux caractères d'encre qui avaient été tracés comme pour lui. Une sécurité supplémentaire. Trop de sécurités, trop de précautions pour lui qui avait toujours espéré que Fenris les trouve, les lise, il ne savait par quel prodige, comme il espérait encore qu'il les trouve et les lise. Comme il espérait encore qu'il insiste, encore et encore, qu'il ne se décourage jamais alors que lui ne savait que fermer des tiroirs. Il en avait été fatigué, plus d'une fois, que ce soit face à lui ou face à ses ennemis. Il aurait voulu pouvoir baisser les bras, les armes, laisser tomber les barrières rien qu'une fois et pouvoir respirer, pleurer, crier, chanter... peu importait. Mais il ne l'avait jamais fait et il avait toujours eu raison. Quand on laissait du terrain, ne serait-ce qu'à peine, qu'on tolérait la moindre négligence, qu'on s'abandonnait rien qu'un instant on y perdait, toujours, et l'on pouvait tout y perdre. Il ne l'avait jamais fait, il avait toujours fait en sorte que ceux qui se permettaient ce que lui s'était toujours refusé y perdent. Perdent, tout simplement. Il vivait dans un monde de tiroirs fermés.

_ Entre la vie et la mort je n'ai constaté qu'une seule différence. C'est que tu n'étais pas là.

Des milliers en vérité. Mais une seule qui lui fasse se souvenir à chaque instant qu'il n'était plus vraiment vivant. Il ne lui avait jamais laissé la moindre opportunité, la moindre marge de manœuvre, d'initiative, il avait tout enfermé, scellé et avait enfermé et scellé les clés avec d'autres serrures et d'autres clés. Il fallait attendre qu'il soit sur le point de les perdre, lui et ses espoirs, pour qu'il lui laisse entrevoir une possibilité, même infime, juste de quoi lui redonner du courage. Cela avait toujours fonctionné, sauf une fois. Une seule fois il avait du faire le choix de lui donner plus que d'ordinaire ou de risquer de ne pas le retrouver, alors il avait fait un choix, et cela avait été le mauvais. Et maintenant, maintenant... Il se retrouvait là, et il savait que cette fois il ne se contenterai pas d'un peu plus de terrain que d'ordinaire. Il n'y avait plus rien d'ordinaire, de toutes façons, plus d'ordinaire du tout. Mais il n'y arriverait pas, il ne savait pas, ne pouvait pas... ne voulait pas pouvoir. Il voulait s'en croire incapable parce qu'il ne se savait pas de taille face à ce qui viendrait après, parce qu'il y en aurait un. Après tout.

_ Je devais être mort depuis longtemps.

Une partie du moins, et cette partie pleura.

_ Allez, depuis le temps que tu attends de voir ça, ne fais pas ton timide.
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Ven 23 Mai - 3:10
Là. Ça.
C'était de la pire cruauté.
Il ravala son sanglot douloureusement, comme on ravale l'âpreté de la bile mêlée à la cantarella et quand sa salive gorgée de toute sa peine glissa s'enfonça en lui, il la sentit frémir sous les doigts trop laxistes de Danarius. Comme si rien n'allait, et rien n'allait. Pour aucun d'entre eux. Il aurait du hurler. Hurler à s'en arracher la gorge. Réveiller l'arme en lui et le transpercer, encore, arracher finalement ce cœur de cette poitrine et faire juger au monde entier, au reste des mondes, aux cieux au-dessus de lui que jamais, jamais plus il n'aurait à souffrir à ce point. Il aurait du, et n'en fit rien. Alors il souhaita que Danarius le fasse hurler. Qu'il serre son emprise comme on punit un chien hargneux, qu'il le jette au sol, qu'il le frappe. Qu'il ait une raison d'avoir mal à ce point. Qu'il sache pourquoi ses entrailles se tordaient en lui comme si elles voulaient disparaître. Qu'il fasse ce que Danarius aurait fait. Et Danarius n'en fit rien. Ils étaient là, dans la simplicité la plus noueuse, l'esprit plein de vide, et ils ne faisaient rien de ce qu'ils auraient du faire. Ils se contentait de souffrir tous les deux. Simplement. Comme s'il n'y avait jamais rien eu de simple, et il n'y en avait jamais eu.
Des lettres. Il y avait eu des lettres entre eux.
Il voulait croire à un mensonge, comme tout le reste. Qu'il ne fasse que mentir. Qu'il était Danarius, qu'il ne voulait que sa peau, qu'il ne cherchait que ces tatouages, son arme, son escorte, son esclave, sa pute, il voulait le croire, s'en savait incapable. Ils étaient là, il lui avait donné un ordre, il obéissait. Tais-toi. Il ne savait même plus ce qu'il pouvait dire. Il connaissait trop de mots, pas assez, aucun qui convienne. Il se sentait pauvre, fragile et pauvre, vide de tout. Ravaleur de chagrin sous le joug d'un monstre. Et quand il prit conscience de ses doigts posés et non pas serrés, de ce souffle déséquilibré et ardent, de ses lèvres tremblantes au-dessus de sa main, il était déjà trop tard. Il était perdu. Complètement perdu.

- Pourquoi ne pas les avoir envoyé...

Je vous aime.
C'était si pauvre. Si fade. Des lettres qu'il voyait maintenant s'écrire dans sa tête et plus aucune signification. Rien ne pouvait être simple, puisqu'aucun d'entre eux ne l'était. Leur souffle étrangement à l'unisson formaient une musique acide, et le claquement de ses dents entre elles la brisèrent, de même que la main ne put suffire à retenir le larmes de couler. Penser lui faisait un mal atroce. L'imaginer contre lui, si près, le cœur battant et capable, toujours, de lui ordonner de se taire et qu'il le fasse, c'était peut-être pire que tout. Il voulait penser autrement. Il aurait voulu ne jamais avoir à penser à Danarius ainsi. Pas à lui. Plus comme ça.
Il le sentait. Il sentait tout venant de lui, il ne pouvait rien lui cacher. Même les yeux arrachés il l'aurait senti. Il l'aurait trouvé. Il aurait su que quelque chose n'allait pas. Même privé de ses sens il aurait compris. Il n'avait pas besoin de voir, et l'autre le lui ordonnait. Lever la tête pour chercher ses lèvres avec les siennes était facile. Ses doigts ne le retenaient même plus.

- C'est la seule chose de vous que je n'ai jamais voulu voir.

Tuez-moi.
Tuez-moi de vous faire ce tort.

- J'ai voulu que vous puissiez sourire. Rire. Hurler. Pleurer, aussi. Pour vous. Pour votre bien. Je voulais que vous puissiez être heureux, je voulais...

Il inspira son soupir, comme l'échange le plus pur qu'il pouvait y avoir entre eux. Ses lèvres entrouvertes qui caressaient les siennes comme un fruit défendu, les deux mains enserrant son bras, l'un d'entre eux qui migra vers la mèche de cheveux gris qu'il sentait maligne contre sa joue, ses phalanges la replaçant à l'aveugle derrière son oreille. Pas d'étreinte. La découverte pouvait être tactile, pas impudique. Il n'avait aucune envie d'ouvrir les yeux.

- Je vous en supplie, ne bougez pas.

Vous que je n'ai jamais su appeler autrement que par votre prénom. Nom pour lequel j'aurai cédé ma voix pour le prononcer jusqu'à ce que le Créateur lui-même m'arrache la gorge comme vous auriez voulu le faire, comme vous ne l'avez pas fait. Un murmure échoué contre son menton, parce que son visage n'avait plus la force de rester aussi haut. Un murmure pour le garder de briser le silence, lui intimait qu'il s'agissait là de comprendre l'eau de ses yeux et l'eau des siens. Les gestes imprécis, les tremblements imperceptibles, l'angoisse. Il n'y avait que de l'angoisse. Pas de joie, pas de colère. De l'angoisse.
Ses mains à lui purent capturer ce qu'elles tenaient. Ses paupières elles purent restées baissées. Son cœur toujours en miettes, et la voix si basse qu'elle s'envola à peine entendue.

- Que devons-nous faire, Danarius... ?
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Sam 24 Mai - 2:41
Oui. Pourquoi ne pas les avoir envoyées ?
Cette question, il se l'était posée trop souvent pour qu'elle ait encore un sens. Pourquoi les aurait-il envoyées ? Il n'avait jamais été prêt à faire face à ce que cela impliquerait, ni plus maintenant d'ailleurs, maintenant qu'il en avait parlé, qu'il faudrait les lui faire lire. Il serait toujours incapable de les envoyer, il devrait venir les chercher, après quoi il les lirait loin, loin de lui, et après, seulement après tout cela... Il soupira, renifla un peu. Soupirer et renifler. Il se trouvait étranger même dans des choses aussi simple. Peut-être que ce n'était plus vraiment lui après tout, il était mort, il était dans un nouveau monde... Peut-être tout cela n'était-il rien qu'une forme d'illusion, ou alors une chance accordée par le créateur de faire enfin ce qu'il aurait du... Non, il était beaucoup plus sûrement temps d'arrêter de fuir et de se chercher des excuses. Il était ce qu'il était, aimait ceux qu'il aimait, il n'y avait aucun prétexte à cela.
Et il l'avait déçu aussi, voilà, c'était fait. Il n'avait pas été à la hauteur de Danarius, à la hauteur du maître, de l'homme, du mage, de l'Inquisiteur ou de tout ce qu'il pouvait être pour Fenris. C'était pour s'épargner ce mal qu'il s'en été donné autant d'autres et il avait mal. Ils devaient avoir mal tous les deux, et cela ne le consola en aucune façon.

_ Il semble que tu m'ais...surestimé, Fenris.

Il ne restait qu'à l'imiter, à prendre entre ses mains son visage, aimé, dont il essayait d'effacer les larmes avec les doigts. Il ne bougerait pas puisqu'il l'avait supplié, Fenris l'avait supplié, alors c'est son menton qu'il releva, ses lèvres qu'il amena contre les siennes. Tremblantes de sanglots qu'il retenait à peine et du doute de savoir si lui en avait envie, de le sentir s'insinuer entre elles, d'être chez lui en lui. Un doute qu'il n'avait jamais eu. Il aurait du dire quelque chose, il en était certain, quelque chose pour le rassurer, lui faire savoir que même maintenant il restait un point stable dans son univers, auquel se raccrocher, vers qui trouver quelque chose qui, à défaut d'être bien, était quelque chose déjà, mais il ne dit rien. Il ne savait quoi dire, heureux et désemparé qu'il compte à ce point sur lui à ce moment. Il n'avait rien trouvé de mieux pour fuir, rien de mieux pour dire, qu'une langue muette qui s'insinuait doucement entre ses lèvres un peu timide, étrangère, alors qu'elle les connaissaient si bien.
Nous.
Que devons-nous faire. Il y avait nous, il y avait l'un et l'autre, pas juste un et puis un autre. Ils seraient nous, il serait avec lui pour la mort, la nouvelle vie de la mort, celle dont la raison d'être lui échappait mais dont il bénissait l'existence. Nous. Il ne le remercierait jamais assez. Et quand bien même il serait bien mort et cela ne serait qu'une illusion pour occuper son esprit pour l'éternité qu'il avait à être mort, il ne le remercierait jamais assez de l'y avoir conduit. Cela faisait une nouvelle question à laquelle il n'avait aucune réponse à apporter, au mieux avouer son ignorance, mais il lui inventerait une réponse et peu importerait qu'elle soit hasardeuse ou irrationnelle, il trouverait quelque chose à ce nous. Plus tard. La seule chose qu'il cherchait à cet instant, c'était les fermoirs de colliers que ses doigts défaisaient maladroitement. C'en était fini des costumes et des portes fermées. La seule qui le resterait serait celle-ci.
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Mar 27 Mai - 1:42
C'est lui qui revint le chercher. Ils n'en auraient jamais fini.
Fenris ne savait même plus comment l'appeler et, à défaut, il ne l'appelait plus. Ni par la voix ni par la pensée. Se contentait de subir, avec plaisir, ses actes. Il aurait pourlécher ses lèvres s'il n'y avait pas eu les siennes pour l'en empêcher. Le déséquilibre causé par son bras, absent de sa gorge pour venir s'emparer de son visage, fit rencontrer sa paume à sa joue. L'autre main l'imita, et il serra sa chevelure entre ses doigts, serra son crâne contre toute l'émotion qu'il se savait capable de déverser dans ces mains. Ces mains qui avaient arraché un cœur, un cœur en particulier, qu'il savait être la pire erreur de son existence.
Le sanglot qu'il étouffa n'était rien comparé à ses larmes. Lourdes du vide qu'il tentait de combler par leur vue, dévorantes d'envie de dévisager leurs consœurs contre les joues d'en face, dont il sentait le sillage entre les doigts qu'il laissait filer avant de ramener, toujours, sur ses tempes. Il avait rêvé de ce moment, et toute une vie serait trop peu dire.  Il l'avait envisagé, souvent, pendant son sommeil, lorsque personne ne pouvait le juger. Il aurait du être au comble du bonheur, il y était, mais pas tout à fait. Leurs langues timides lui arracha un soupir, un sanglot, et pour ne pas avoir à se justifier il se cacha en lui. À cœur perdu.

Autant de secondes, longues, qu'il aurait voulu infinies. Autant de temps passé à comprendre qui il embrassait. Qui lui avait manqué à ce point. Au point de pleurer et de refuser de voir les pleurs. Jusqu'à nier les années passées à se haïr, à les mépriser, à se jouer de la mort pour lui. Un baiser. Une passion dont il s'était su capable dès lors qu'il avait haï cette même personne qu'il comptait aimer jusqu'à la fin. Il n'avait aucune idée de qui il s'agissait. D'un maître, d'un amant, d'un tortionnaire, d'un père. Il était Danarius.
Et quand il trouva le courage d'ouvrir les yeux, il ne put que se rendre à l'évidence. C'était juste Danarius.

- Vous n'avez pas été à la hauteur de ce que vous étiez, vous avez été à la hauteur de ce dont je rêvais.

Capable d'amour.
Un homme capable d'aimer.
Dans ce que j'espérais, au plus profond de moi, que ce que je fantasmais des heures durant. Vous avez été capable d'atteindre un songe auquel personne ne croyait, en lequel je n'avais plus foi. Entre deux baisers, car celui qu'il alla lui voler le fit se rapprocher de son torse, dans un déséquilibre qu'il nota suffisamment sévère pour décrocher ses poings de ses cheveux pour enlacer sa tête entière, sa nuque, et le garder contre lui. Remonter dans ses crins poivre et sel, les étreindre avec les doigts, ne plus jamais les lâcher. Il voulait être plus près. Encore plus près. Se nourrir de ses seules expirations soupirées, douloureuses à donner et à recevoir. Il aurait voulu entrer en lui, dans la physique la plus primaire, et ne faire plus qu'un. Il aurait voulu être en lui et tout en connaître. Il aurait aimé arrêter de pleurer, mais qu'il continue. Maintenant qu'il avait goûté à ses larmes, il s'en savait dépendant.
La langue cessa de jouer, les mains d'appuyer. L'une d'elles coula le long de sa nuque, défit son jabot avant de s'étendre plus avant sur les boutons de son pardessus, jusqu'à temps qu'elle puisse sentir sa peau. Sa chaleur. Ce fichu cœur qui avait fichu le sien. Il n'avait aucune idée de la réaction à avoir, ni de celle qu'il pouvait avoir. Il se contentait d'agir, d'encaisser. Il l'avait éduqué dans ce sens. Il l'avait éduqué comme il l'avait pu.

- Il n'y a plus rien à estimer.

Sinon son front contre ses clavicules, ses mains maladroites errant le long de ce corps qu'il redécouvrait.

- J'aimerai voir votre corps nu. À défaut de voir votre esprit.
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Jeu 5 Juin - 0:54
Il ne relèverait pas.
Il ne relèverait jamais une phrase pareille, il serait toujours incapable de savoir ce dont Fenris avait bien pu rêver tout ce temps où il avait voulu savoir ce qui se passait dans sa tête, sans le vouloir vraiment en fin de compte. Il ne voulait pas qu'il le lui dise parce qu'il aurait trop peur de le décevoir si il n'était plus ce dont il avait rêvé. Qu'il arrête de toujours mettre la barre plus haut, trop haut pour lui. Si il avait pu croire que Fenris, son Fenris, cherchait à le tromper, peut-être aurait-il pu croire en une vengeance vicieuse de sa part. L'aurait-il fait ? L'aurait-il laissé croire qu'il pouvait rattraper, sinon le temps perdu, celui qu'il aurait encore pu perdre et finalement le laisser le perdre encore en le laissant derrière lui ? Peut-être que c'était bien ce qu'il voulait, il allait trop vite, trop vite pour lui déjà épuisé de ses mauvais choix, essoufflé de dix ans à lui courir après. Il ne pouvait pas y croire. C'était trop facile et trop chaotique, ivre, désordonné, c'est à peine si il avait le temps de penser, il n'avait pas le temps de réfléchir avant d'agir. Il ne lui en laissait pas le temps. Il se mit à douter. C'était si simple quand on connaissait le poison et ses effets, de l'absorber soi-même. Il lui ferait mal, mais lui accorderait un répit salvateur qui lui éviterait de se perdre dans ce trop beau. Il ne lui laissait même le loisir de respirer. Tout en lui l'étouffait, jamais il n'avait été aussi proche, jamais aussi étranglé de ses mains, de sa bouche et de ce souffle qui avaient été tout à lui. Retournant son emprise, il avait fini par s'en échapper et ses doigts qui cherchaient sa taille, son dos, ses hanches où se retenir n'en auraient jamais fini de le laisser s'enfuir. Il avait flanché un instant et il avait perdu, déjà, il l'avait perdu. Il en était sûr. Il avait à peine entrouvert le tiroir et il avait vu la clé, il avait perdu son éclat, il le réjouissait par la nouveauté mais elle ne restait jamais nouvelle bien longtemps.

_ Non.

Il retint ses mains avant qu'elles n'aillent trop loin et qu'eux fassent de même. Il avait attendu plus de trente ans, il saurait le faire encore pour quelques heures. Il n'y avait pas de raison d'en douter. Il n'y avait pas de raison de douter de douter de Fenris.

_ Allons-nous en d'ici.

Sans avoir aucune envie de le lâcher. Il se fit violence détacher ses mains de ses poignets, les occupa à réajuster sa tenue défaite. Il l'avait entendue, certainement, sa voix moins assurée qu'à l'ordinaire et son pauvre cœur perdu, éperdu, qui se débattait sous ses côtes. Lui aussi avait besoin de respirer. C'était peut-être le mauvais choix, encore, et il le regrettait déjà. Il n'osait même plus le regarder. Il ne pleurait plus, parce que le masque était de retour et qu'un masque ne peut pas pleurer.

_ Je ne resterai pas un instant de plus dans ce cloaque immonde.

C'est cela, il ne lui rester que ça, essayer de se justifier.
Et ne pas bouger.
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Jeu 5 Juin - 22:24
Il ravala un sanglot.
Aurait voulu ramener ses poignets à lui mais n'avait pas même la force de bouger. Lui non plus. Les poings à peine serrés et les yeux embués de larmes qui coulaient toutes seules. C'était pitoyable, et il n'y avait rien à en dire. Rien à dire de plus. Le silence devint pesant. Tellement pesant que ses dents se serrèrent, que le gémissement qu'il cherchait à taire depuis tout ce temps passé contre lui éclata. Une main capturant le bras, l'autre couvrant ses yeux. D'un seul coup prostré ainsi, sans prévenir, mais il était de dos et comme cela il pouvait tout se permettre. S'accroupir et ramasser le peignoir en reniflant, l'enfiler avant même d'être redressé complètement. L'attacher n'importe comment, sans grand soin. Nier les larmes en les effaçant, couvrir le sanglot par un soupir. Un souffle peut-être trop insistant. Il ne savait plus quoi dire, et Danarius ne dirait rien. Le silence le rongeait.

- Ce n'est rien. Ce n'est rien.

En effet. Ce n'est rien.
La voix gonflée de tout le chagrin du monde. Il n'y avait rien de plus que du chagrin. Un chagrin simplement terne, gris, sans haine ni amour, sans autre émotion que la tristesse. Un chagrin pur. Un murmure parmi les ombres de la chambre qu'il voulait quitter, lui aussi. Qu'il aurait aimé quitter sans avoir à bouger. Trouver le moyen de comprendre ce qu'il se passait. Pas en lui, il avait déjà abandonné l'idée de se connaître, mais en Danarius. Ce qu'il voulait. Parce qu'il voulait quelque chose, Danarius voulait toujours quelque chose et il avait toujours été clair dans ce qu'il voulait. Et là, sa voix tremblait. Ses yeux fuyaient. Il n'avait pas à lui en vouloir tant qu'il ne savait pas, non, il n'avait pas même à lui en vouloir tout court. Si blâme il devait y avoir, ils seraient tous deux à blâmer.
Il lui fallait sortir. Le laisser seul un instant, se retrouver en lui et voir. Encaisser, et ne plus l'avoir sous les yeux. Pur réflexe défensif. Il voulait partir et il devait s'y préparer. Concrètement. Des larmes essuyées à nouveau, un sérieux plus ou moins retrouvé. Ses cordes vocales tremblaient, ne donneraient rien de brillant. Il n'avait pas à briller.

- Je... Je dois descendre. Pour chercher mes affaires. Je reviens.

N'ayez pas peur. Surtout n'ayez pas peur. Je n'ai nulle part où aller.
Une évidence qu'il crut décisive. Mais il n'avait aucune idée de ce que voulait Danarius, et il était fort peu probable qu'il n'ait rien prévu. Une escorte, un piège. Quelque chose qui lui rappelle qu'il s'agissait de Danarius, quelque chose d'autre que sa sempiternelle négation. Non, toujours non. Des mots qui n'avaient plus le moindre sens. Auxquels rien ne faisait écho. Les bras croisés sur son torse, et la peur au ventre. Qu'il puisse ne pas avoir confiance en lui.

- Je reviens vite.

Il ne bougea pas.
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Ven 6 Juin - 14:55
Un moment de répit.
C'était exactement ce dont il avait besoin mais ses entrailles se nouèrent à l'imaginer hors de la portée de ses yeux ou ses mains. Il n'en pouvait plus de sa présence et avait peur de ne plus pouvoir n'être incapable de le supporter alors qu'il s'en aille mais qu'il revienne, oh qu'il revienne vite. Et il ne bougeait, il le savait aussi, il l'entendait, et lui non plus. Jamais il ne partait, jamais il ne serait de retour et lui serait toujours incapable. Il ne savait toujours pas ce qu'il souhaitait le plus. La seule autre chose qu'il croyait aussi, au du moins qu'il croyait, c'était que Fenris avait besoin de lui maintenant, qu'il ne pouvait pas rester comme ça comme il faisait avant, plus maintenant, plus jamais, et tout allait trop vite et trop hasardeusement dans sa tête. Un chaos sans nom s'agitait sous son crâne comme un deuxième coeur douloureux et il n'avait même plus le droit d'attendre, immobile, que la tempête passe. Parce que Fenris, maître des tempêtes, avait besoin de lui. C'était bien la seule chose à laquelle il croyait suffisamment fort pour écarter le chaos un instant et quand il se retourna, elle avait laissé l'ombre d'un sourire au coin de ses lèvres. Il avait envie de le prendre de nouveau dans ses bras. La seule dont il avait suffisamment envie pour la savoir déraisonnable, il se contenta de ses mains contre son visage et de l'ombre d'un sourire pour sécher ce qui restait de ses larmes.

_ Va, je ne bouge pas d'ici.

Je ne t'accompagne pas. J'ai bien envie mais j'ai besoin d'un moment de solitude et le besoin a toujours primé avec moi, tu le sais bien. Son front contre le sien ne fit qu'attiser sa fièvre mais son coeur s'en porta mieux un instant. Maintenant qu'il avait réveillé les deux il ne pourrait jamais faire taire l'un ou l'autre et il avait bien peur que ces deux là ne tombent jamais d'accord. Peut-être le temps à venir serait encore plus éprouvant que celui qu'il avait laissé passer.

_ Reviens vite, s'il te plait.

Et il l'embrassa encore, son front, et ses joues, et ses lèvres, et il semblait incapable de le lâcher. Il faudrait bien à un moment ou à un autre mais il n'avait aucune envie de se réveiller, d'être lucide, là tout de suite qu'il pouvait le serrer contre lui sans se savoir haï. Fermer les yeux, juste quelques secondes. Il ne fallait pas encore se rendormir. Après, après. Quel bordel. Juste un dernier baiser, et encore un deuxième dernier et c'était vraiment le dernier. Il ne s'agissait que de le laisser aller quelques minutes et il se trouvait aussi lâche. L'ombre devint un sourire, des vrais qui font des petites rides aux coin des yeux quand on souriait souvent. Danarius avait d'autres rides que celles là. Il l'accompagna jusqu'à la porte, le poussa un peu pour l'aider à sortir avant qu'il ne change d'avis et poussant son bras il essayait presque de le retenir encore.
Ce n'était que quelques minutes.

_ Va. Et ne mets pas... dix ans.

Peut-être que maintenant il pourrait encore les avoir, les petites rides aux coin des yeux.
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Ven 6 Juin - 17:12
Il l'aida à fermer la porte, le regard bas.
Dix ans.
Ne chercha pas à penser à ce qu'il venait de se passer, parce qu'il était dans un lieu où la logique n'avait plus lieu. Se contenta de perdre toute forme de sinistre sur son visage en dévalant l'escalier. Pas un regard vers l'arrière. Rien, rien pour le faire craquer. Ce serait si simple. Si simple de profiter de lui et de son apparente faiblesse pour fuir. Ce n'était pas possible. Rien de cela n'avait le moindre sens, Danarius n'avait juste pas usé de ses talents d'acteur avant ce jour. Ce n'était pas possible. Clairement pas possible. Il traversa le hall sans que personne, personne ne le frôle ni ne lui parle. Il était un spectre, et c'était une hypothèse d'autant plus valable qu'il n'eut pas à réclamer la clef à la patronne pour rentrer dans les appartements. La porte s'ouvrit toute seule.
Toutes ses affaires étaient dans un coffre, mais il préféra retirer tout ce qu'il avait sur lui avant. Le peignoir, jeté sur un lit, la ceinture, les bracelets, les mains de Danarius empruntant les mêmes chemins. Beaucoup de mal à ne pas faillir. Un soupir, et le mur lui servit d'appui. Un instant à ne plus bouger, nu, à attendre que le coup passe. À comprendre ce qu'il faisait là. Il ne fallait pas qu'il réfléchisse de trop. Il lui avait juré avec les yeux qu'il reviendrait vite, et il ne manquait jamais à ses promesses. Jamais.

Il trouva dans sa chemise quelque chose de ratée. Le tissu, la coupe, mais cela n'allait pas alors qu'à dire vrai, il n'en avait rien à faire d'habitude. Il ajusta les manches comme il pouvait, les laissa s'arrêter aux poignets avant de recouvrir ses mains de gants. Assez des tatouages, assez de les voir. Il espérait qu'en ce sens, ils n'étaient plus qu'un mauvais souvenir. Témoins d'un passé révolu. Rien pour cacher sa gorge, une ceinture lourde, des bottes pour ne pas avoir à laver ses pieds une fois arrivé, son sac. Et Traître. Les deux dagues qu'il possédait accrochées à sa ceinture, mobiles sur ses cuisses. Juste une seconde pour se regarder. Pour respirer. Et il jeta toute la joaillerie dans son sac déjà lourd et partit.
Il n'avait pas noué les cordons de sa chemise et ne comptait pas le faire. Manquait son armure, dans sa chambre à l'auberge, quelques livres, la nourriture qu'il avait acheté. Il faudrait qu'il aille les chercher sans savoir quand. Il comptait garder la chambre encore une semaine. À peu près. Avait payé pour, et levait les yeux avant de rentrer dans la porte. C'était un piège. Ce n'était pas possible qu'il soit là, seul, à l'attendre. Ce n'était, tout simplement, pas Danarius. Pas l'inquisiteur. Pas le mage du sang. Pas Danarius. Pas lui.
Il préféra frapper avant d'ouvrir.

- Danarius... ?
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Mar 8 Juil - 13:21
Cela faisait deux éternité qu'il l'attendait. Peut-être trois. Quand il frappa cependant, il lui sembla qu'il était trop tôt, qu'il avait encore à attendre, encore un ou deux âges à se faire peur en imaginant qu'il ne reviendrait pas, ou reviendrait peut-être pour le tuer, encore, mais non, même pour le tuer il préférait qu'il revienne. Il n'avait pas réussi à s'asseoir, était resté planté là où il l'avait laissé parce qu'un mouvement était une distraction et qu'il avait su qu'il aurait trop peu de temps devant lui pour se permettre d'être distrait. En lui, il y avait tout un tas de petites voix qui lui disaient ou bien qu'il avait été faible, ou bien qu'il n'aurait pas du faire les choses comme ça, ou bien que c'était encore le mieux ainsi. Il était habitué à traiter avec elles, mais il n'était pas habitué à ne pas être incapable de savoir laquelle était celle de son cœur, laquelle autre de sa raison, de son expérience, de sa prudence ou de sa curiosité. Les boîtes avaient bizarrement perdu leurs étiquettes et à choisir le mauvais flacon, il se savait aussi capable de s'empoisonner. Les coups à la portes les avaient fait taire. Elles étaient comme de petits animaux craintifs, qui ne se dévoilaient complètement que dans le silence et la solitude, le bruit les avait fait s'éparpiller, elles étaient allées se cacher, repointeraient le bout de leur langue plus tard et plus tard il serait trop tard, bien trop tard. Même maintenant c'était trop tard, mais il aurait voulu être sûr, savoir, même si il avait fait le mauvais choix. Il voulait toujours savoir à quoi s'attendre pour pouvoir prévoir. Il n'avait pas fait que les bons choix dans sa vie, mais il s'en était toujours rendu compte assez tôt pour pouvoir planifier comment rattraper ses erreurs, au moins en partie. Pouvait-il rattraper Fenris ? Il avait toujours été incapable de savoir si il s'agissait d'une erreur ou non.

_ Je suis là. Je n'ai pas bougé.

Cette phrase était ridicule, d'autant plus ridicule qu'elle était rigoureusement exacte. Il leva les yeux vers lui dès qu'il fut entré, fronça légèrement les sourcils en constatant le vide laissé dans son dos par son épée. Se pouvait-il qu'il l'ait perdue ou brisée ? Remplacée peut-être ? Elle était vieille, cela n'aurait rien eu d'étonnant mais il en été étonné quand même. Peut-être un peu blessé aussi.

_ Tu as tout ce qu'il te faut ?

Une banalité sans fond pour lui demander si il était prêt à partir. C'était ce qui était prévu, dans les faits, mais il ne saurait même pas quoi lui dire une fois qu'ils seraient rentrés à la villa. C'était comme cela que cela aurait du se passer mais cela ne se passait pas exactement comme cela aurait du. Il était mal, il avait mal, mais que pourrait-il le lui dire ?

_ Fenris, puis-je te demander quelque chose ? Voudrais-tu que je disparaisse ?
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Mer 16 Juil - 18:25
Non, il n'avait pas bougé.
Il l'avait suffisamment senti pour le savoir. Touché pour le reconnaître, et il avait raison, il n'avait pas bougé. Il ne mentait pas. Le pire, c'était qu'il ne mentait pas.
Quelques pas en sa direction, et il n'était pas bien loin. Juste en face. Non, il n'avait rien de ce qu'il lui fallait. Pas d'explications et rien pour le croire. Mais à dire vrai, quand bien même il aurait eu toutes les preuves du monde sous les yeux, jamais il n'aurait accepté ce qu'il avait sous les yeux. Parce que cela ne pouvait pas être Danarius. Pas celui qui avait été son maître, en tout cas, mais il avait les mêmes mains que lui, la même odeur, la même voix, il se souvenait de tout et cela l'effrayait plus que tout. Plus que tout.
Le souffle court. Il se noyait.

- J'ai une chambre, dans une auberge. Mon armure y est, entre autres, mais je pourrais-

Non, il ne l'avait pas laissé finir. Et la seule entente de son nom suffisait à le faire frémir. C'était Danarius, par le Créateur, Danarius, le même, exactement le même et sans doute pire encore, et pourtant non, non, non. Danarius n'aurait jamais, jamais pleuré devant lui sans raison, pas même pour l'impressionner ni l'attendrir. Danarius était bien trop fier pour ça, trop orgueilleux, trop tévintide.
Sa question le fit blêmir.

- Non.

Non.
À son tour d'user de la négative, la négative la plus primitive, celle qui n'ouvre aucune discussion, celle qu'il affectionnait tant lorsqu'il était question de couper court à quelque situation gênante, celle qu'il n'avait jamais eu le droit d'utiliser et celle qui maintenant lui appartenait. Il aurait aimé pouvoir le faire avec un minimum de satisfaction, et sur son faciès et dans sa voix, pour voir le visage du maître se décomposer peu à peu de son insolence revendiquée. Il aurait tout donné pour le voir tomber. Il aurait aimé. Il l'avait fait tombé, il l'avait déjà battu, battu plus que nécessaire, sans jamais pouvoir vraiment le battre. Il l'avait façonné comme il l'avait voulu, incapable de parler pour qu'il ne puisse jamais rien lui dire. Aujourd'hui il pouvait lui dire non.

- Non...

C'était étrange.
Il retenait ses lèvres de s'ouvrir tout de suite, ses larmes de couler, son corps de se jeter sur lui. C'aurait été trop. Trop pour cet état d'inconfort, trop pour leur cœurs à tous les deux. Les yeux perdus. Sur le sol. Sur lui. Il sentait ses gants se froisser entre ses doigts et il se rendit compte que mis à part son corps, il n'avait plus rien à serrer.

- Vous avez déjà disparu et ça n'a mené à rien.

Ça ne m'a mené nulle part, à vrai dire, puisque je n'arrive à me souvenir que des moments passés avec vous. Plus rien avant, plus rien après.

- Ça ne servirait à rien. Juste à savoir que vous êtes là, et je ne sais pas ce que je préfère. Vous savoir là, ou me savoir avec vous.

Je devrais vous tuer tout de suite. Traître n'aurait pas pu mais la neutralité antivane le pourrait peut-être. Elle était juste là, contre sa cuisse, il n'y avait rien à faire. Vraiment rien à faire.
Mais non.

- Vous voulez disparaître ?

Ce serait plus simple pour tout le monde si tout le monde pouvait bien oublier ce qui l'arrangeait. Sauf que ni l'un ni l'autre n'avait idée de quoi oublier.
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